Seigneur-jésus-marie-joseph, quelle laideur !
On dit qu’on lit en moi comme dans un livre ouvert et, effectivement, mon sentiment il a dû le lire. Pourtant je jure, Dieu pardonnez-moi, que j’ai tout fait pour ne rien laisser paraître !
Il s’est levé en même temps que je me suis assise et avec cérémonie, j’imagine de celle que mettaient jadis les hommes se décoiffant face à une dame, a galamment tiré sur sa postiche mandibulaire.
Shaff a fait la moustache.
Chlouff a fait le skaï de ma chaise recevant mes fesses stupéfaites.
Sourires, bravache de sa part, gêné de la mienne.
Alors qu’il reprenait place sur sa chaise et que je tirais la mienne, Maryvonne amenait deux cafés.
« Je l’aime brûlant, justifia t-il, or ça fait maintenant presque 45 minutes que j’attends ! »
Le bonhomme était peut-être galant mais sans grande empathie ; je n’avais moi qu’attendu la marée pour traverser ! Trois heures seulement…
De plus, je ne bois pas de café à cette heure. Il n’avait qu’à le lire !
L’analphabète reprit :
« Alors, je… »
Il fut interrompu par l’arrivée de deux omelettes.
« Pareil pour l’omelette, vous comprenez, je ne l’apprécie que chaude, bien chaude ! »
Moi, l’omelette, je ne l’apprésupporte carrément pas. Trop vue, trop battue, trop vendue, elle m’indispose ! Que dire alors lorsque c’est dans mon assiette et alors que je suis invitée qui plus est ?
Mon insupportation passée face à l’énergumène qui tantôt semblait décrypter tantôt semblait n’y voir goutte sous le verre de ses lunettes, je me rappelai que j’avais accepté de prendre un café avec lui dans l’intention de lui soumettre une idée, ou était-ce une requête, un truc qui m’arrangerait bien. Coté omelette justement.
Tiens donc, ça, il l’aurait-il lu ?
Je me lançai alors en une longue phrase soufflée, lui expliquant que battre des œufs en neige à longueur de journée hiver comme été pour obtenir la qualité mousseuse et aérée de la fameuse omelette qui faisait ma réputation je n’en pouvais vraiment plus et que peut-être lui chachashire parce qu’il m’était paru ouvert à bien des élucubravagants pourvu qu’ils ne fussent point ordinaires pourrait avec moi tenter d’échafauder un mode d’élevage de poules-pondeuses-en-plein-vol très exactement parce que leurs œufs seraient de la sorte tellement légers que je n’aurais enfin plus besoin moi de m’échiner dans ma cuisine à les battre toute la Sainte Journée à la main-fouet et cul de poule et…
« Hummmm, hé bien je… »
Avec l’entrée d’un client, une rafale de vent fit la sienne soufflant la perruque noire dont il était affublé.
« Oui, donc, alors, hé bien je… »
Mais là, et le Seigneur en témoignera, je n’étais absolument pas en capacité d’entendre plus avant la logorrhée adverbo-interjectionnale de l’olibrius, qui désormais exhibait un crâne aussi lisse qu’un œuf de Leghorn.
Le contrôle de moi, que j’essayais de garder depuis mon arrivée dans le café et depuis son accueil, m’abandonna, je bondis hors de ma chaise et explo-bredouillai un « Excusez-moi, il faut vraiment que j’y aille! »
« Attendez, me retint-il, l’expression soudain affable, tenez, prenez ceci, c’est pour vous! »
Il me présentait un paquet de biscuits.
« Acceptez-en un, seulement un… Pour la route, comme on dit ! »
« Accepter des mortels, c’est accepter le Christ », rageai-je intérieurement.
Aussi, d’un mouvement que j’aurais souhaité être divin mais que je ne perçu que tara-brusqué, je sortis un biscuit du paquet qu’il me tendait.
C’était un petit sablé.
A la vanille.
A la vanille, et, avec un message dessus.
Celui-ci disait :
« Mettez un peu de légèreté dans votre vie. »
J’ai pris une grande inspiration, ai dégluti, un peu bruyamment je crois, et l’ai salué.
De la tête, d’un simple hochement de tête, sans un mot.
Sans un mot ou prononcé ou lu !
Faisant volte-face et tirant un peu sur ma jupe, je suis sortie.
Quand la porte se referma lourdement derrière moi, j’entendis Maryvonne rigoler :
« Voilà, comme qui dirait, la Mère Poularde qu’a trouvé un couteau ! »
« Ô Seigneur-jésus-marie-joseph ! », ai-je pensé dans mon pas très fort intérieur.
Je récupérai le sac que j’avais déposé dans la cour de l’immeuble de Simon, enfilai jean, chaussettes et baskets et me dirigeai vers la digue-route. Le vent s’était levé, je remontai mon col. J’avais encore quelques heures pour traverser…
Un vol de mouettes s’éleva du calvaire et m’accompagne-cria de leurs rire-aboies.
— On prend un café ?,
avait proposé chachaschire ICI
Avec cette histoire, je ne sais plus si j’ai pris ou non mon café…
En tous cas, le contrat est rempli, 750 mots tout pile tout poil,
voire même tout plume !
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Hmmmmmmmmmmm les omelettes de la Mère Poulard !!! trop bonnes !
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Légères, si légères,
plus légères que cette rencontre ! : )
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:-D les moumoutes sont les poux dans la chevelure de la vie :-D :-D :-D
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Les poules tu voulais dire ?
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si on parle d’omelette on parle de poules :-D mais les perruques font plus facilement référence aux poux……….. à moins d’utiliser un shampooing aux œufs :-D
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En Normandie ou en Bretagne le Mont Saint Michel ? Là n’est pas la question.
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Ça non !!! D’autant que je ne t’expliquerai pas, pas plus que je ne m’explique, pourquoi le rendez-vous s’est passé là.
Car là n’est pas la question !
N’est-ce pas ? 😉
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Je proteste vigoureusement ! J’en appelle aux soldats de vigipitate qui patrouillent !
On me dépeint ! vous croyez que c’est facile d’enfiler ces postiches électroniques ! EN plus c’est réaliste, une fois ainsi dépeint que reste-t-il de mon mystère environnant ?
c’est vraiment trop injuste. Si j’avions su j’aurais pas venu et toute toute cette sorte de chose.
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Seigneur-jésus-marie-joseph, tu es vraiment aussi mal-embouché que je l’ai imaginé pour cette histoire!
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Le café je l’aime à toute heure, ma poule, et l’omelette pas trop souvent (j’ai le foie un peu tristoune) mais pas les 2 en même temps
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Si tu es prêt (e), pathcath, à t’enfiler un café à n’importe quelle heure, prends rendez-vous avec chachashire et raconte-nous. Il ne te fera peut-être pas le coup de l’omelette…
Merci pour ton commentaire
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